Dieu.0
« Sainte Marie mère de dieux.0, likez pour nous pauvres pêcheurs »
Si les ouailles égarées ont désormais le poke plus facile que la prière, les religions ont bien compris que leur influence pouvait aussi se mesurer dans cette capacité à investir l’ensemble des moyens de communications. Facebook, Youtube, Twitter, Flick’r, sites dédiés … Dieu sous toutes ses formes, tente avec plus ou moins de succès, de se rendre partout où on ne l’attendait plus.
Passé maître dans l’art du bain de foule et du baiser de tarmac d’aéroport, Jean Paul II n’a pas laissé grand chose à son successeur pour faire frétiller les masses. En appelant récemment à « l’évangélisation numérique », Benoit XVI, qui tweeterait sous le pseudo Benedictus XVI, s’est probablement fait la promesse de redorer l’image d’une institution poussiéreuse. Profitant des Journées Mondiales de la Jeunesse, l’église et ses administrés ont donc massivement investi le web. Parodies, clip officiel, partage de photos, web tv … l’entreprise papale s’est également appuyée sur près de 80 volontaires pour rendre compte de la manifestation en temps réel. Avec son réseau social dédié, XT3, sa plateforme pilote, news.va et ses applications mobiles, le catho 2.0 se retrouve avec un étrange embarras des choix. Entre sites difficilement accessibles (langues) et mises à jour parfois hasardeuses, c’est bien l’éparpillement des plateformes et donc du message qui caractérise, avant tout, la tentative d’avorter la désertion générale.
De l’autre côté de l’Atlantique, le dernier des divins nés propulsé par de l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours, propose à l’internaute de rencontrer ses fidèles dans une sorte de Meetic très chaste. Sélectionnez le sexe, la tranche d’âge et l’origine ethnique et Mormon.org vous met directement en relation avec quelques uns de ses 30 000 membres. Dupliquant parfaitement son principe de rencontres fortuites dans la rue, le site à également été soutenu par une une vaste campagne d’affichage. Forte de son pouvoir moral, l’église mormonne peut tout autant faire valoir dans le débat son indéniable influence politique, qui lui permet de présenter pas moins de deux candidats à la future investiture présidentielle.
Du côté de la concurrence on s’organise. Avec FaceGlat, son créateur Yaakov Swisa dit répondre aux questions de confidentialité et de moralité que posent inexorablement les réseaux sociaux. Et le premier d’entre eux avant tous les autres. Tenant compte de préceptes revendiqués, la plateforme juive orthodoxe dispatch donc dès l’entrée de son site les hommes et les femmes sur des interfaces différentes et imperméables. Reprenant les codes de Facebook, le site que l’on pourrait traduire par « hautement casher », revendique pour l’heure quelques 2000 inscrits.
Et s’il est un succès relativement modeste, le doux « printemps arabe » et sa mobilisation en ligne, n’a pas plus enthousiasmé les plateformes religieuses du monde musulman. Lancé par les Frères Musulmans il y a près d’un an, IkhwanBook, n’a jamais réussi son pari de faire la lumière sur un islam modéré. Bâtit comme un pied de nez au numéro un mondial, ce réseau social pâtit comme toutes les autres plateformes religieuses de l’omniprésence de Facebook. Concentré de tout. Concentré de soi dans une société aussi narcissique que soucieuse de liens, les communautés religieuses du web, semble souffrir de ne pouvoir apporter une substance originale et incontournable. Si le contenu peut être une raison évidente alors il faudra s’étonner de l’incroyable succès de la page Jesus Daily. Animé par le bon docteur Tabor, un bénévole, son interaction balaye jusqu’à la mèche molle de Justin Bieber. Avec The Bible et Dios es bueno !, ses Pages trustent littéralement le top fan de l’animation en ligne.
Comme si elles renvoyaient finalement la foi à ce qu’elle est. Quelque chose de purement personnel. Que des milliers d’individus vivent loin de tout carcan, derrière leur écran.